Zitoun, c’est enfin le nom d’une marque de cosmétique biologique qui se pose en alternative aux cosmétiques conventionnels. Non seulement plus écologiques, par le soin accordé à leur fabrication et leur emballage, ces produits naturels sont également plus sains, par leur composition. Forte de cette ambition, Olivia Serrano s’est lancée dans la création de son laboratoire en janvier 2017, après plusieurs années de réflexions et d’expérimentations. Rencontre avec cette jeune entrepreneuse, aux racines profondément ancrées en Occitanie.
De l’anthropologie à la fabrication artisanale de cosmétique : un parcours guidé par des valeurs fortes
Anthropologue de formation, Olivia accumule les expériences sur le terrain. Que ce soit dans un centre d’accompagnement pour demandeurs d’asile, en régie de quartier ou bien à la maison du handicap, Olivia est animée, avant tout, par le besoin vital de connexion avec les gens. Créer du lien social est, alors, son credo. Mais attention, pas n’importe comment. Elle n’impose pas sa vision mais au contraire, s’immerge dans un milieu. Elle cherche à comprendre quels sont les besoins du public, avant de trouver des solutions. De la même manière, elle va appliquer cette méthode pour un projet tout à fait différent : la fabrication de cosmétique bio à la main.
La prise de conscience écologique est venue petit à petit : créer son potager, composter, trier ses déchets, élever des poules, etc. Le souci de ce qui l’entoure, de toujours mieux faire pousse la jeune femme à se poser des questions et à réinventer son mode de vie. L’intérêt pour les cosmétiques n’est qu’une étape de ce long processus et fait sens avec sa volonté de « prendre soin », de soi-même et des autres.
En parallèle, l’envie irrépressible de voler de ses propres ailes, de ne plus dépendre d’une structure ou d’une hiérarchie s’impose à elle. Après 3 ans à semer des graines sur ce projet naît, en janvier de cette année, la marque Zitoun qui va, très vite, rencontrer un fort engouement.
La matière première au cœur d’un engagement écologique et zéro déchet
Olivia sélectionne très soigneusement ses matières premières en faisant le pari du local et du circuit court. Huile d’olive, opercule de cire d’abeille, argiles, céréales, bicarbonate et vinaigre blanc -matières phares de la région occitane – occupent une place de choix dans sa gamme de produits.
Issus de productions biologiques, ces ingrédients ont un coût élevé qui se répercute en partie sur les prix. Mais, pour que les cosmétiques restent accessibles, les marges appliquées par les revendeurs restent raisonnables et la durée de vie des produits, d’un ou deux mois pour un shampoing par exemple, viennent en compensation.
Olivia a également cherché à mettre en valeur la matière brute à travers un packaging épuré. Au-delà de la question esthétique, c’est surtout pour lutter contre le gaspillage et notre consommation massive de contenants en plastique que la jeune femme a pensé son conditionnement. En effet, ce sont près de 75 000 tonnes d’emballages de produits cosmétiques et d’hygiène jetés chaque année*. Des solutions existent pourtant. Olivia en propose une, elle ne vend que des produits cosmétiques solides, avec ou sans emballage.
Pour aller plus loin, la jeune fabricante se procure du papier recyclé ou recyclable, utilise des encres végétales compostables et préfère les encoches plutôt que la colle (issue essentiellement d’Asie). Elle a aussi réduit le temps de chauffe et la quantité d’eau utilisée lors du processus de fabrication et du nettoyage de ses outils. Preuve de son engagement total, elle revend ses produits dans des lieux qui se trouvent être dans la même démarche : épiceries vracs, magasins bio, magasins de regroupement de producteurs, etc.
Des produits qualitatifs, avec peu d’ingrédients, fabriqués à la main
Olivia a une gamme de 5 produits cosmétiques : savon, pain de crème visage et corps, shampoing pour cheveux normaux à sec, shampoing pour cheveux normaux à gras et, un détergent, le cake de vaisselle. Dans ses formulations, elle fait le choix d’avoir très peu d’ingrédients, mais de qualité afin d’avoir la maîtrise totale de son procédé de fabrication. Ses produits sont certifiés sans conservateurs, stabilisants, parfums, etc.
La composition de ses produits est très simple. Pour l’essentiel, ils sont constitués de la matière première, ce qui permet de tirer le meilleur parti de leur vertu. L’opercule d’abeille joue ainsi un rôle de protection comme pour une ruche. Elle nourrit en profondeur, protège la peau des agressions extérieures (pollution, changement de saison, stress, etc.) et enfin, se trouve être un bon apport en vitamine A.
Olivia travaille aussi en étroite collaboration avec ses fournisseurs avec lesquels elle aime partager et échanger (récoltes participatives, recherche, immersions). Cela lui permet de répondre aux questions des clients sur l’origine de ses produits et répond aussi à un objectif de transparence, très éloigné du jargon scientifique que l’on trouve habituellement sur les étiquettes.
Afin de pouvoir proposer une gamme de produits accessibles à tous les âges et toutes les peaux, la jeune femme a enfin testé ses formulations auprès d’un échantillon de 120 personnes, aux problématiques dermatologiques multiples. Ces expérimentations, couplées à des formations et rencontres avec divers spécialistes (savonnier, chimiste, toxicologue) sont un gage de qualité et donnent aujourd’hui, matière à son projet.
Un objectif pédagogique : « conscientiser » les consommateurs sur leurs achats
Un tel projet ne peut se décrypter sans parler de sa visée pédagogique. Pour cela, c’est encore Olivia qui en parle le mieux :
« Zitoun est un projet écologique autour de la cosmétique pour conscientiser les individus autour de la bienveillance environnementale et sanitaire ».
L’objectif fait sens : faire en sorte que les consommateurs se posent des questions. En effet, elle souhaite que chacun se rende compte de ce qu’il met sur sa peau, qu’il soit averti sur ce qui est nécessaire ou non pour l’hygiène et la réparation du corps. C’est pourquoi, elle a simplifié au maximum la composition de ses cosmétiques. De plus, attribuer des prénoms à ses produits n’est pas seulement un choix marketing, mais un moyen de les humaniser et de faire prendre conscience aux consommateurs ce qu’ils jettent. Ainsi, tu ne jettes pas le pain de crème, mais Igor.
Olivia est sans conteste, une artisane engagée pour le bienfait du corps et de la planète. Sa marque Zitoun est pensée, de l’élaboration du projet, au packaging, en passant par la fabrication de ses produits pour que les clients deviennent des consom’acteurs, engagés dans une démarche écocitoyenne.
*étude IPSOS de mars 2010 pilotée par l’organisme Eco-Emballages
