Illustration : Zero Waste Europe

Bienvenu·es dans une métropole Zéro Déchet.

Que vous soyez l’un ou l’une de nos bénévoles de longue date, un·e nouveau ou nouvelle bénévole ou un·e grand·e curieux·se qui a vu de la lumière, vous êtes au bon endroit. Cet article est un récit imageant le témoignage de nos bénévoles en 2030, décrivant leur quotidien dans la ville rose, si toutes les mesures légales de prévention des déchets et des gaspillages sont appliquées à la lettre. Et pourquoi pas encore plus ! Dans une ville qui aurait su faire les bons choix en matière d’écologie, de hiérarchisation des modes de traitement des déchets et de respect du vivant, à quoi ressemblerait le quotidien ? Nous vous invitons à plonger dans cette fiction et à laisser votre éco-anxiété de côté, au moins pour quelques instants. Si cet article vous plaît et que vous souhaitez nous aider à construire cet avenir, rejoignez le mouvement Zero Waste et participez aux super interventions et projets de l’association !

Les biodéchets : le trésor caché de nos quartiers

Pour entamer ce tour d’horizon de la ville rose devenue verte en 2030, partons à la rencontre de Cédric, bénévole de l’association Zero Waste Toulouse depuis 5 ans.

« J’habite du côté d’Empalot et depuis quelques années, c’est vrai que le quartier se métamorphose. Le coin se reverdit progressivement et la biodiversité refait surface dans ce chaos urbain ! »

Comme dans l’ensemble de la métropole, les habitant·es ont progressivement réalisé l’importance du retour à la terre grâce à la loi sur le tri à la source des biodéchets, effective depuis 2024. En effet, depuis l’instauration de la collecte séparée des biodéchets au 1er Janvier 2024, les choses se sont follement accélérées : les solutions de compostages locales ont donné envie aux habitant·e·s de s’occuper de petits potagers. C’est ainsi qu’ils ont commencé à fleurir dans de nombreux endroits que l’on pensait gris et bétonnés à jamais…

Loin des clichés du jardinage urbain : « Les biodéchets apporteraient des nuisances, comme des rongeurs ou de mauvaises odeurs », les Toulousain·es considèrent désormais leurs biodéchets non plus comme des rebuts, mais comme une ressource ! Par extension, c’est aussi l’agriculture urbaine qui est en plein essor. Toute une partie de la population a commencé à agir face à l’overdose d’aliments transformés produits par l’agriculture conventionnelle, aux impacts parfois douteux sur la santé humaine.

Après le travail, les Toulousain·es enfilent désormais leurs bottes en caoutchouc et leurs gants de jardinage pour prendre soin de ces petits potagers et jardins éparpillés dans les quartiers.

Et les solutions de valorisation des biodéchets se sont multipliées : il se trouve que les amendements à la terre urbaine qu’ils permettent, s’avèrent être très efficaces.

Lorsqu’iels n’ont pas accès aux composteurs, lombricomposteurs ou bokashi (1), les Toulousain·es peuvent apporter leurs biodéchets dans l’un des nombreux points d’apport volontaires qui maillent le territoire. Ces biodéchets sont redistribués sur des plateformes de compostage et de méthanisation, à plus grande échelle, qui servent aux agriculteurs et aux agricultrices locaux dans le cadre d’un plan de sécurité alimentaire initié par la Région Occitanie.

Il faut désormais poursuivre ces efforts pour ne pas que cela reste un simple effet de mode ! Ainsi, Zero Waste Toulouse, Humus & Associés, Partageons les jardins, le Réseau Compost Citoyen Occitanie, les Alchimistes, Hector le Collector, Récup’Occitanie, les Agribains, Pro-portion et encore bien d’autres structures dont les missions touchent à la gestion des biodéchets, ont renforcé leurs collaboration afin de pérenniser cet élan vert.

Justement, aujourd’hui, Cédric se rend dans un nouveau tiers-lieu de l’économie sociale et solidaire, afin de participer à une réunion entre les associations Zero Waste et Partageons les Jardins. Il s’agira de décider des nouvelles stratégies à mettre en place et de célébrer les plus récentes réussites.

Après avoir vu fleurir le plus grand tiers-lieu de France à la Cartoucherie, les habitant·es de Toulouse Métropole, qui comptaient une quarantaine de tiers-lieu sur leur territoire en 2023, peuvent à présent profiter de 103 espaces dédiés à la transition écologique et sociale : espaces de co-working, d’échanges, fablab, cafés associatifs, tiers-lieu nourriciers, cuisines partagées, etc. Presque chacun de ces espaces est, par ailleurs, en partenariat avec Ma Bibliothèque d’Objets : avec tous ces points de dépôt, il est devenu très facile d’emprunter les objets qu’on n’utilise que quelques fois par an !

Après sa réunion, il est l’heure pour Cédric d’aller chercher sa fille à l’école !

Ce matin, il le sait, les enfants avaient cours de jardinage, une pratique désormais banale qui semble les enchanter !

C’est en 2026 qu’une réforme est passée dans les écoles de la métropole toulousaine. Demandée par les enseignant·es, avec l’appui de plusieurs associations environnementales, des associations de parents d’élèves et bien d’autres, la réforme impliquait d’adapter les temps de pause du midi ou du soir après les cours, à l’apprentissage du jardinage, du compostage et à des moments d’animation nature, avec de réels moyens mis en œuvre.

Grâce à un plaidoyer efficace mené par les équipes pédagogiques et les associations, et soutenu par le conseil municipal des jeunes, ce projet a été accepté et depuis, les élèves de la primaire au lycée et de tous les établissements qui le souhaitent bénéficient d’un accompagnement et de moyens financiers pour développer ces activités. Dans les collèges et lycées, les éco-délégué·es sont chargé·es des projets et dans les écoles, ce sont des animateurs et animatrices périscolaires qui ont été formé·es et sont rémunéré·es pour intervenir sur les temps de pause du midi. Des contrats ont également été passés avec des structures d’animation afin de sensibiliser les enfants à la biodiversité et aux grandes notions de l’écologie. L’idée est de passer joyeusement à la pratique tout en se réappropriant collectivement les espaces urbains. Si le simple apprentissage de ces pratiques vertes plaît aux jeunes en soi, c’est surtout la sensation de faire quelque chose de concret qui les touche !

Exceptionnellement, ce midi, la fille de Cédric lui réserve une surprise ! Lui et les autres parents disponibles sont conviés à profiter d’un repas composé des légumes produits en permaculture par les élèves de l’école !
« C’est super, on en apprend beaucoup de nos enfants lorsqu’on voit ce qu’ils sont capables de faire ! Je dois aussi reconnaître que cela nous offre à tous un vrai instant de convivialité. Ce type de moment peut manquer dans les journées à 100 à l’heure de la vie d’un jeune parent ! »

Moins de plastique, c’est fantastique !

Pendant que Cédric se régale, nous retrouvons Clara, qui vient de sortir de table et dépose ses restes alimentaires dans le composteur au pied de son immeuble. Elle se prépare ensuite pour sa virée de courses dans le quartier où elle a effectué ses études, qu’elle a décidé de réinvestir depuis quelques mois : le Mirail. Clara est une nouvelle recrue de l’association.

Armée de ses sacs en tissus et de quelques boîtes hermétiques, elle a hâte de retrouver ses ami·es ! En effet, plus qu’une simple tâche domestique, son acte d’achat hebdomadaire s’est transformé en véritable moment de convivialité. Comment ? Tout simplement grâce à la démocratisation de l’association VRAC dans son quartier, qui propose un service de courses en commande groupée d’aliments de qualité, à des prix abordables.

Pour compléter cette démarche, les dispositifs de « paniers anti-gaspi » se sont également développés (Too Good to Go, Pimp’up, Phenix, Karma, HopHopfood…).

Au fil des distributions, Clara a rencontré de nombreux·ses adhérent·es dont elle est devenue proche. Il s’agit également d’un des objectifs souhaités dans le Manifeste pour une métropole Zéro Déchet rédigé par ZWT en 2020.

“Cela me permet, par ailleurs, de faire des économies sur certains services ! Nous nous échangeons régulièrement des outils et ustensiles en tous genres et puis il arrive que l’on se retrouve aussi autour d’un verre de temps à autre…”

Il y a 4 ans, en 2026, les représentant·es des quartiers du Mirail, de la Reynerie et de Bellefontaine ont travaillé conjointement avec les Réseau Consigne, le Réseau VRAC et Consign-up pour un passage à la consigne généralisée dans les enseignes locales, les bars, les petits commerces…

“C’est un véritable plaisir de pouvoir faire mes achats localement, sans avoir à prendre le métro ou même le vélo ! Je peux enfin faire mes courses en vrac et en utilisant des systèmes de consigne en bas de chez moi. Finie la tonne d’emballages plastiques qui tapissaient mon garde-manger ! “

Les effets bénéfiques de ce travail se sont répandus comme une traînée de poudre au sein des autres quartiers. Si le choix était encore restreint en 2024, on peut aujourd’hui noter que presque tous comptent au moins 1 épicerie locale proposant des aliments en vrac ou pratiquant la consigne.

Parmi les autres acteur·rices de ce phénomène, citons également “Bocalenvers” qui s’est démarqué en proposant ses produits consignés chez Carrefour, dès 2024. Aujourd’hui, le vrac a fait un boom et les partenariats se sont également développés avec l’association ETIC emballages, notamment via son projet “En boîte le plat”, pour la vente à emporter.

Par ailleurs, la nourriture à emporter est bien plus accessible puisque les emballages jetables ne sont plus compris dans le prix de celle-ci. Dans la plupart des enseignes, il coûte maintenant moins cher d’emprunter un contenant lavable que d’acheter un emballage jetable ! Et ça fonctionne ! Dans le quartier de Clara, les client·es demandant des emballages jetables ne font plus partie que d’une minorité. Résultat, de plus en plus de projets d’épiceries écologiques et sociales voient le jour pour s’adapter aux besoins des différents quartiers de la ville et les modes de consommation alternatifs gagnent sérieusement du terrain. Rien que l’an dernier, en 2029, 30 000 tonnes d’emballages auraient été évitées et ce n’est que le début !

Clara fait également partie du collectif SITOU (Stop Incinérations TOUlouse) (Sitou c’qu’on veut !!), qui lutte pour inciter le syndicat de traitement des déchets de la Métropole, DECOSET, à privilégier la prévention des déchets plutôt que le développement d’installations de traitement polluantes. A vrai dire, c’est en participant aux actions du collectif qu’elle a découvert Zero Waste Toulouse.

Et la lutte a fini par payer : après 2 ans de plaidoyer en faveur de la réduction de la capacité d’accueil de l’incinérateur du Mirail, en 2023, le collectif d’associations a réussi à obtenir une première victoire en 2025 avec la fermeture complète de l’un des 4 fours de cette brûlerie géante.

La lutte du collectif a été soutenue par ATMO Occitanie qui a sorti une étude très attendue concernant la qualité de l’air dans les quartiers exposés à la fumée de l’incinérateur.

Ce cadre de vie amélioré pousse les habitant·es à le préserver.

Cette avancée historique entraîne donc moins de transports et d’activités liés à la gestion des ordures ménagères et donc de nuisances pour les riverain·es, qui attendent avec impatience la fermeture du deuxième four prévu pour 2040, tandis que la métropole toulousaine et les communautés de commune alentours, planifient et développent les actions de leur Programme local de prévention des déchets, en s’inspirant d’autres territoires performants. Rennes, Besançon ou encore Nantes, de nombreuses autres métropoles ont en effet ouvert la voie et prouvé qu’il est possible de passer sous la barre des 150 kg/hab./an de déchets ménagers.

Rentrée de ses courses, Clara file se préparer pour la fête de quartier qui aura lieu le soir même. Une occasion qu’elle ne souhaite surtout pas rater !

Une vie sociale riche et festive

En cette fin d’après-midi, la rue commence à s’illuminer. C’est dans cette effervescence que nous rejoignons Miranda. A 76 ans, la doyenne de l’association Zero Waste Toulouse s’apprête à profiter d’un moment convivial organisé par la mairie de son quartier, aux Trois Cocus. Après l’installation d’un composteur, d’une boîte à don ou encore d’un mur à idées pour améliorer le cadre de vie, les habitant·es, qui ne partageaient auparavant que quelques espaces communs, ont désormais pris l’habitude de se retrouver pour partager de bons moments ensemble comme la fête de ce soir. D’ailleurs elle en profitera pour rendre la sorbetière qu’elle a emprunté à son voisin.

Miranda a invité des membres de l’association Zero Waste Toulouse à cet évènement afin de la présenter à ses voisins et peut-être recruter de nouveaux membres parmi ces citadin·es friand·es d’initiatives écologiques et sociales. Elle retrouve Cédric et Clara, qui rejoignent une petite table d’autres bénévoles.

Loin d’être une retraitée isolée, Miranda bénéficie de l’élan Zéro Déchet de la Métropole, qui lui permet de mettre son temps à disposition pour s’investir aussi bien pour son quartier que pour l’association.

Ainsi la démarche du zéro déchet zéro gaspillage est globale : la force du collectif amène plus de possibilités d’actions et meilleurs sont les contacts entre les habitant·es d’un même territoire, mieux iels peuvent partager certaines ressources, mutualiser des outils, des connaissances, des trajets… et réduire l’isolement de certaines personnes.

Pour favoriser ces relations, les habitant·es et leur mairie de quartier organisent régulièrement des évènements : Disco-soupes, repair-cafés, vides-greniers, projections de documentaires… Et il y a encore tant d’événements à inventer !

Une petite aire de covoiturage a même été aménagée pour permettre aux habitant·es qui le souhaitent, par exemple, de partir en randonnée ensemble pendant les week-ends, ou de faire des économies sur leur trajets en train lorsque c’est possible.

Voilà qui conclut notre tour d’horizon de ce à quoi pourrait ressembler une métropole toulousaine zéro déchet zéro gaspillage…

Ainsi, les militant·es d’hier ont, grâce à leurs efforts, facilité la vie des amateurs actuels de ce mode de vie. Les choses avancent enfin et motivent la floraison de nombreux projets de l’économie circulaire, qui viennent enfin sérieusement concurrencer notre modèle économique linéaire !

S’il y a encore des efforts à poursuivre, la vie semble plus agréable dans une métropole où une majorité d’acteurs et d’actrices prend enfin les mesures nécessaires pour réduire l’impact de nos activités sur l’environnement.

Conclusion

Toulousaines, Toulousains, l’association Zero Waste Toulouse vous souhaite la bienvenue en 2030. Parce qu’il est plus qu’essentiel de se rappeler que les luttes d’aujourd’hui ont aussi pour objectif de redéfinir les normes de demain.

Pour aller plus loin et revenir dans notre réalité, voici les objectifs législatifs à venir dans les prochaines années, pour lesquelles notre association se mobilise :

Anticiper_Réglementation_A_Venir

Source : Manifeste pour une Métropole Zero Déchet, Association Zero Waste Toulouse – janvier 2020

(1) Né au Japon à l’issu d’une méthode élaborée par le Professeur Teruo Higa, le Bokashi est un engrais naturel, formé à partir de matière organique fermentée, lors d’un processus alternatif au compostage.