La couche lavable finira-t-elle un jour par définitivement remplacée la couche jetable, polluante par son volume et par sa composition ? Encore marginale, elle reste pourtant la meilleure alternative face à l’amoncellement des déchets. En plus d’être écologique, elle est économique, même si au premier regard il n’y paraît pas. À Toulouse, plusieurs projets ont vu le jour et portent la couche lavable comme étendard. En sensibilisant, louant, lavant, fabriquant, ils cherchent à démocratiser l’utilisation de la couche lavable en facilitant son accès au plus grand nombre de parents. Image bannière : (Sophie Lenaerts / Cédric Simon, Flickr, CC)



Natanature : louer et faite laver vos couches

Derrière Natanature, on retrouve Lise-Lotte, maman d’origine hollandaise. Après une carrière en tant que salariée, elle bifurque et lance son projet autour des couches lavables. Une reconversion qu’elle décrit comme évidente. Son idée est simple : faciliter l’accès et l’utilisation des couches lavables par l’intermédiaire d’un système de location et de lavage. C’est que dans son pays d’origine, plus d’un enfant sur deux porte les couches lavables dès la naissance. Les institutions publiques facilitent même cette démarche au travers de réduction d’impôts. Alors pourquoi pas en France ?

Pour éviter que les parents ne soient obligés d’acheter d’emblée leur propre couche, elle propose de les louer. Couche + insert + rouleau de voiles de protection tout compris pour 40 € par mois, les parents peuvent faire leur propre test et mettre en place le bon fonctionnement avant de passer à l’achat. Natanature loue ainsi plusieurs marques de couche – pour s’adapter à toutes les morphologies de bébé possible – à travers toute la France.

Cerise sur le gâteau et encore une fois pour faciliter les parents déjà bien surmenés, Lise-Lotte a mis en place un service de nettoyage dans la région toulousaine. Chaque semaine, elle livre et récupère des centaines de couches aux quatre coins de la ville. Des points d’échange/retrait sont également proposés pour faciliter le service dans des magasins comme Day by Day par exemple.

Depuis février 2018, date du lancement du projet, Lise-Lotte a rapidement ressenti les nombreuses demandes des parents, sensibles à la démarche. Même si au départ beaucoup d’interrogations persistent, Lise-Lotte rassure, conseille, et guide les parents craintifs.

Et pour convaincre, rien de mieux que l’exemple. C’est en montrant concrètement leur fonctionnement qu’elle écarte toutes les idées reçues qui pullulent autour des couches lavables. Faciliter, encourager oui, mais surtout ne pas culpabiliser, c’est l’adage de Lise-Lotte qui rassure les parents. Une couche jetable en moins, c’est déjà ça de gagné !

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Sensibiliser à la réduction des déchets avec Mitsa 

Lancée en 2009 autour de personnes engagées en faveur de l’économie sociale et solidaire, l’association Mitsa cherche à promouvoir de nouvelles pratiques responsables participant à la réduction des déchets. Spécialisée dès le départ dans les alternatives aux changes textiles (couches et protections féminines), l’association organise des interventions de sensibilisation et explore avec les publics des alternatives économiquement viables. Proposant également la location de couches lavables, l’association se focalise essentiellement sur les actions de sensibilisation : Atelier de confection de couches, atelier d’hygiène féminine pour apprendre à fabriquer ses propres protections, etc.

Anne Delorme, membre active de l’association, fabrique elle-même des couches lavables et des protections féminines et n’hésite pas à recevoir les parents en manque d’information en rendez-vous personnalisé. Souvent c’est le système de lavage qui effraie les parents et le temps qui lui incombe. À cela, Anne rassure en expliquant qu’il s’agit surtout d’automatisme à mettre en place, comme n’importe quelle habitude et que les bienfaits se laissent ressentir très rapidement, et ce rien que dans la poubelle.

Et puis, il y a aussi la question de l’investissement qui peut être lourd au démarrage et pour ne pas paniquer les parents, Anne rappelle que les couches pourront resservir à tous les autres enfants de la future fratrie.
Mitsa a également tenté dans le passé de mettre en place des partenariats avec des crèches toulousaines pour développer l’utilisation des couches lavables dans ces structures. Malheureusement par manque de budget, les crèches n’ont pas pu répondre favorablement au projet.

Anne nous explique que ce problème budgétaire reste malheureusement le principal frein pour les structures d’accueil, les institutions publiques ne favorisant pas la démocratisation de cette démarche. De plus, selon Anne, le personnel des crèches manque d’information, de formation et ne voit pas forcément l’impact positif d’une telle pratique.

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Un réseau de couches lavables dans les crèches toulousaines grâce aux Tontons Laveurs

Derrière les Tontons Laveurs, on retrouve trois anciens chercheurs en sciences de la Terre. Oui, ce sont bien trois hommes qui ont quitté le milieu de la recherche pour se lancer dans l’aventure « couches lavables ». C’est parce que l’un d’eux a été confronté à la naissance de son premier enfant à la problématique des couches qu’une idée lui est venue. Pourquoi ne pas lancer un service aidant les parents à adopter la couche lavable à Toulouse ?

C’est ainsi que l’aventure des Tontons laveurs commence. Les trois amis se forment pendant plusieurs mois à la création de projets et peaufinent petit à petit leur concept. C’est pour ne pas faire concurrence aux projets existants dans l’agglomération toulousaine, qu’ils décident de dédier leur service aux crèches et structures d’accueil petite enfance.

Proposer un service de location et de lavage des couches lavables, rien de plus simple et pourtant le chemin est long pour convaincre les structures, souvent en manque d’argent. C’est que la concurrence est rude. La couche jetable revenant à quelques centimes d’euros pour les structures, trouver des arguments pro couches lavables n’est pas mince affaire. Depuis plus d’un an, les Tontons Laveurs travaillent ardemment sur leur projet. Prochainement, une phase de test avec deux crèches toulousaines leur permettra d’expérimenter leur service pour en juger la rentabilité. En partenariat avec une blanchisserie hospitalière, le projet devra également tester la faisabilité de la collecte et du lavage.

En parallèle, les trois entrepreneurs cherchent à se rapprocher des collectivités et élus pour éveiller les consciences sur ce sujet et permettre de débloquer des financements qui seraient propices aux crèches, désireuses elles de changement. Car le problème est bien financier, beaucoup de structure sont totalement ouverte à la démarche.

Signe que les choses commencent à changer, le projet a été récompensé par le Prix du Développement Durable du Flash Lab 2018 au cours du Forum Régional de l’Économie Sociale et Solidaire. C’est en levant les idées reçues sur la couche lavable que l’on pourra plus largement démocratiser son utilisation.

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DIY avec Les Ecolubies et plus encore

Les Ecolubies, c’est déjà une histoire de mamans soucieuses du bien-être de leurs enfants. Pour préserver leur santé, elles privilégient des produits naturels. Très débrouillardes de leur 4 mains, elles décident en 2018 de créer leur association à Aucamville (Nord de Toulouse) pour sensibiliser les parents à l’écologie et à l’économie des ressources autour du DIY.

Elles ont rapidement l’idée de proposer des ateliers mensuels dans une salle d’Aucamville. Fabrication de produits ménagers écologiques, utilisation des couches lavables, utilisation de produits durables pour réduire le poids des déchets, atelier upcycling de vêtements ou d’autres objets, ces deux mamans touchent à tout ce qui traite à l’écologie. Il leur arrive même d’intervenir dans d’autres lieux comme dans certaines épiceries vracs toulousaines.

Avec plusieurs cordes à leurs arcs, elles proposent également un service de conseils et de location de couches lavables pour aider les parents à passer au-dessus des idées reçues et des contraintes liées à leur utilisation. Des conseils précieux qui rassurent et motivent la plupart des parents qu’elles ont pu rencontrer. S’inspirant de leur propre expérience avec leurs enfants, elles ne cherchent pas à orienter les parents quant au choix de la marque de couches lavables, tout simplement, car selon la morphologie toutes les marques ne conviendront pas nécessairement. Elles conseillent même de tester plusieurs marques avant de faire un choix définitif.

Très actives dans leur ville, les deux mamans aimeraient aller plus loin en proposant des formations aux professionnels de la petite enfance. Elles envisagent aussi de monter un projet commun avec les Tontons laveurs lors de la semaine internationale des couches lavables, chaque année en avril et même de créer leur propre boutique dédiée aux couches lavables.

Affaire à suivre 😊

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