Louise Cardona, fondatrice de l’épicerie Ceci & Cela
Comme grand nombre de militant-e-s de la cause écologique, la démarche zéro déchet est entrée dans la vie de Louise comme un déclic, une prise de conscience fulgurante qui marque la fin d’un mode de vie. Cette trentenaire, originaire de Toulouse, nous galvanise par ses valeurs humaines et son goût d’entreprendre la vie. Pour le blog de Zero Waste Toulouse, elle retrace son parcours qui l’a menée jusqu’à la création d’une épicerie zéro gaspillage, une première à Toulouse.
Un sens inné de l’engagement
Petite fille d’agriculteur, Louise et ses six frères et sœurs ont passé une grande partie de leur enfance dans la campagne du Lot-et-Garonne. Une envie irrépressible de servir l’autre l’anime et son engagement se manifeste très jeune quand elle décide à 12 ans de créer une association qui cherche à récolter des jouets pour des enfants hospitalisés. Elle est aussi membre de la célèbre ONG WWF. Cette forte empathie semble avoir toujours fait partie d’elle.
« L’engagement humanitaire a toujours vibré en moi ! ».
Un voyage comme catalyseur
L’enfance passe, arrivent les études. Louise se remémore alors son ressentiment de l’époque, quand elle pensait ne pas avoir de véritable conviction quant au choix de son parcours. Après une classe préparatoire en économie, elle intègre tout classiquement une école de commerce. Ne sachant toujours pas où cette voie la mènera, elle maintient cependant le cap. C’est alors que l’école lui donne l’opportunité d’un séjour au Burkina Faso. Quinze jours de voyage qui lui feront prendre conscience des inégalités du monde et du gouffre qui nous sépare, nous Occidentaux, de la réalité de vie de ces pays en voie de développement.
« Je suis seulement partie peu de temps mais ça a suffi pour que je me prenne une
bonne claque ! »
L’entrepreneuriat ! ou rien.
Après avoir effectué de nombreux stages au sein de diverses entreprises, le constat est sans appel ! Louise ne peut s’imaginer vivre le salariat ad vitam eternam, encore moins dans ce genre de structure.
« Je ne me suis absolument pas retrouvée dans la posture salariale, c’est ce qui m’a finalement poussée à me lancer dans la création de mon propre projet ».
Jeune diplômée, elle se jette à l’eau. Une idée fixe en tête : créer sa structure, celle qui fera sens avec ses convictions humaines. Déterminée, elle s’amuse à nous dire qu’elle n’avait finalement rien à perdre à ce moment-là et qu’il est souvent plus favorable de se lancer en partant de rien.
Finalement, ses études de commerce semblent en parfaite corrélation avec ce désir de création, et bien que l’entrepreneuriat est une évidence, au départ l’idée du projet ne l’est vraisemblablement pas. Elle nous évoque alors un séjour Erasmus en Turquie qui l’aurait mise sur une piste. Elle se souvient avoir été frappée par la quantité de déchets plastique laissés à l’abandon. Une nouvelle prise de conscience qui lui permettra, quelques années plus tard, de s’intéresser à la démarche zéro déchet.
« Découvrir ce pays, son mode de vie, sa culture m’a ouverte aux enjeux de l’écologie. En voyant tout ce plastique, je me suis alors rendue compte de la nécessité d’agir, et vite ! C’est comme ça que m’est venue l’idée de l’épicerie vrac. Puis, j’ai creusé cette idée en m’informant sur ce qui existait en France. Plus je m’intéressais au sujet, plus je m’emballais, jusqu’à ce que je me dise que c’était bien ça qu’il fallait que je crée ! »
Ceci & Cela, épicerie vrac, zéro déchet, anti-gaspi, bio et locale
Vous l’aurez compris, tout est pensé à Ceci & Cela pour bannir toutes sortes d’emballages. Les client-e-s sont prié-e-s autant que possible de se munir de leurs propres contenants. Louise et son équipe sensibilisent à la première visite, et restent attentives aux besoins des client-e-s pour ajuster les quantités. Zéro déchet nous le disions, mais aussi bio et le plus local possible. Louise a eu à cœur d’ajouter ces deux critères à la gamme de produits. Critères qui sont devenus peu à peu tout aussi déterminants que la démarche zéro déchet.
Un pari à relever mais un combo gagnant car après avoir ouvert une première épicerie, rue Baour Lormian, c’est une seconde qui a vu le jour, avenue des Minimes. Louise finit par nous laisser entrevoir l’ouverture d’une potentielle troisième boutique. La curiosité nous anime, nous souhaitons en savoir plus, mais malheureusement une cliente entre et Louise s’interrompt pour la servir.
Elle termine toutefois notre entrevue, très exaltée en nous glissant à l’oreille son optimisme au sujet de l’engouement de la démarche zéro déchet : « Ceci & Cela me permet chaque jour de m’ouvrir davantage, d’apprendre, et de m’enrichir des clients. Ce que je trouve encore plus gratifiant c’est d’avoir découvert qu’il existerait plus d’une centaine d’épiceries vrac en France à ce jour, alors qu’à notre ouverture en 2016, il n’y en avait qu’à peine une dizaine. Ce qui prouve bien que la demande est là et n’attend plus qu’à être satisfaite ! ».
Plus d’infos :
Réalisation & Rédaction : Morgane Bouterre
Photos : © Food & Com – Mathilde Bouterre
Illustration : Marion Floch