Le 15 octobre dernier, la Métropole de Toulouse a validé lors d’une séance du Conseil Métropolitain son rapport annuel sur les déchets pour l’année 2019. Ce document, dont la publication annuelle est obligatoire dans les collectivités en charge de la collecte des déchets, est une source précieuse d’informations sur la gestion des déchets des toulousain·es par les services de la Métropole.

Une production globale en baisse.

La quantité de déchets ménagers et assimilés a diminué de 10.000 tonnes entre 2018 et 2019 pour atteindre les 358.000 tonnes. Cette diminution fait cependant suite à une augmentation de 10.000 tonnes sur les deux années précédentes, la production de déchets ménagers en 2019 est donc revenue à son niveau de 2016. Cette diminution est principalement liée à une diminution de 13.000 tonnes de la quantité d’Ordures Ménagères Résiduelles produites, les autres catégories de déchets étant plutôt stables ou en augmentation.

Étant donné l’augmentation régulière de la population sur la Métropole, la quantité de déchets produite par habitant·e de 469 kg en 2019 est, elle, nettement en diminution cette année et passe même, pour la première fois sous son niveau de 2010. Cette baisse, même si elle est importante, sera insuffisante pour espérer atteindre l’objectif de 431 kg/hab., soit -10 % de la production de Déchets Ménagers et Assimilés (DMA) par rapport à 2010, fixée par la Loi de Transition Energétique et pour la Croissance Verte (LTECV). Elle est cependant en phase avec les objectifs fixés par le Plan de prévention des déchets (PLPDMA) de Toulouse Métropole qui s’est donné comme objectif d’atteindre 420 kg/hab. en 2024, soit -12,5 % par rapport à 2010, en accord avec le Plan Régional de Gestion des Déchets d’Occitanie.
Cette baisse est donc une bonne nouvelle, mais qui aurait dû arriver plus tôt si on avait vraiment voulu se donner les moyens de respecter la Loi de Transition Energétique. De plus il est indispensable que les efforts réalisés soient renouvelés chaque année pour espérer atteindre les objectifs du PLPDMA en 2024.

Qu’est ce qui a changé en 2019 ?

La prise en charge des déchets des professionnel·les

La collectivité n’est pas tenue d’assurer la collecte des déchets des professionnels, elle peut décider des quantités de déchets à partir desquelles elle n’assure plus la collecte des déchets des entreprises, celles-ci étant alors tenues de faire appel à des prestataires privés. Toulouse Métropole a ainsi modifié son règlement de collecte au cours de l’année 2019, ce qui a abouti à une sortie du service public de gestion des déchets d’une partie des professionnels dont les déchets étaient pris en charge jusque-là.

Au 1er janvier 2019 ce sont ainsi les producteur·rices de plus de 20 m³ par semaine qui n’ont plus été collectés et au 1er juillet 2019, les producteur·rices de plus de 15 m³ par semaine. Cela a entraîné une diminution de 3.600 tonnes de la production de déchets d’activité économique pris en charge par la collectivité et une baisse de 800.000 € de la redevance spéciale qui est collectée pour ce service. Cette modification du règlement de collecte explique ainsi une part importante de la baisse globale des déchets ménagers en 2019 et devrait également se faire sentir en 2020, le niveau de prise en charge étant passé l’année dernière à 10 m³ par semaine.

L’harmonisation des fréquences de collecte

La fréquence de collecte des ordures ménagères et des recyclables a été modifiée sur une partie du territoire de la Métropole. Elle est ainsi passée à une collecte 1 fois par semaine pour les ordures ménagères sur les communes hors Toulouse et de 2 fois par semaine à Toulouse. Les emballages et papiers recyclables sont collectés entre 1 fois tous les 15 jours et 1 fois par semaine hors hyper-centre. Enfin, les emballages en verre, jusqu’alors collectés en caissettes dans certaines communes, sont à présent collectés en apport volontaire, grâce aux nombreux Recup’verre implantés sur les communes concernées.

Ces modifications ne semblent pas avoir eu d’effet sur les quantités de recyclables et de verre collectées, qui sont restées stables. On peut cependant imaginer que cela a dû avoir un impact sur les quantités d’ordures ménagères collectées, par l’opération de communication importante qui a eu lieu à cette occasion auprès des habitant·es concerné·es.

Actions de prévention

La Métropole de Toulouse a poursuivi ses opérations de distribution de composteurs individuels auprès des habitant·es, avec notamment la mise en place d’un service de réservation en ligne sur le site de la Métropole et l’organisation de 2 distributions exceptionnelles à l’ancien parc des expositions de l’île du Ramier. Malgré ces efforts, les moyens déployés ne sont pas encore à la hauteur de la demande très forte des habitant·es notamment celles et ceux résidant dans des immeubles ou résidences. Au-delà des simples objectifs du PLPDMA, il convient de rappeler que la collectivité devra pouvoir proposer à tous les habitant·es qui le souhaitent les moyens de trier leurs biodéchets d’ici à fin 2023 afin de respecter les obligations issues de la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire.

Etant donné les moyens encore trop faibles alloués actuellement au sujet on est en droit de se demander si la Métropole a réellement pris la mesure de la tâche qui s’annonce pour les trois prochaines années ?

Prévention des déchets

Comme on l’a vu précédemment, la baisse de la production de déchet en 2019 devra être réitérée tous les ans pour espérer atteindre les objectifs du PLPDMA. Or cette baisse est en grande partie due à des facteurs structurels, sortie des professionnel·les du service public et harmonisation de la collecte, dont l’effet, même s’il se prolongera peut être en 2020, ne pourra pas être reproduit chaque année. Seule l’allocation de moyens suffisants à la prévention des déchets pourrait permettre une diminution régulière et suffisante des quantités encore trop importantes produites actuellement.

Or la part du budget déchet allouée à la prévention, même si elle a augmenté cette année reste encore beaucoup trop faible pour espérer vraiment changer les choses. Elle était ainsi en 2019 de 700.000 euros sur un budget total de 105 millions d’euros, soit à peine 0,7 %. A titre de comparaison, elle est de 1 % à Lyon, de 1,5 % à Nantes et même de 2,3 % à Rennes, toutes ces métropoles ayant de biens meilleurs résultats en terme de production de déchets (188 kg/hab./an d’OMR pour Rennes contre 291 kg/hab./an à Toulouse en 2018 par exemple).

La prévention des déchets consiste principalement en des actions de sensibilisation et de communication auprès des habitant·es pour les amener à changer leurs habitudes. Il n’existe pas de solutions miracles, pas de raccourcis ou de gadgets technologiques qui permettraient de se passer d’actions concrètes de terrain, au plus près des habitant·es. Le service prévention des déchets de Toulouse Métropole malgré toute sa motivation et sa bonne volonté ne pourra pas faire de miracle tant que son budget ne sera pas à la hauteur des enjeux actuels et à venir.

Alors Toulouse, la prévention des déchets, quand est ce qu’on s’y met vraiment ?