Adoptée par le Parlement en janvier dernier, la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire est parue au Journal officiel du 11 février 2020. Elle vise à produire et consommer de manière plus durable, notamment par le biais de la réduction des déchets. 

Que dit la loi en matière de déchets ?

La loi contient plus d’une centaine de mesures. Le plastique est concerné par plusieurs ambitions : 100% de plastique recyclé d’ici 2025, réduction de 50% d’ici à 2030 du nombre de bouteilles en plastique vendues, interdiction du plastique à usage unique d’ici 2040, entre autres.
La lutte contre le gaspillage des produits invendus, alimentaires ou non, et le développement de la vente en vrac, de la consigne ainsi que les activités de réparation, réutilisation et réemploi sont également des points essentiels de cette loi. 

Les premières mesures devraient être appliquées dès le 1er janvier 2021. Toutefois, dans le contexte de la crise sanitaire, les travaux sur les décrets d’application sont rallongés, risquant de voir son application concrète reportée. L’intervention de plusieurs groupes d’intérêts en faveur des industriels nourrit également les inquiétudes au sein du mouvement Zéro Waste quant à l’application des mesures.

Le MEDEF demande le report des échéances

Le MEDEF a demandé dans un courrier adressé à la Ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, un moratoire sur les premières mesures applicables dès l’année prochaine.
Parmi les avancées de la loi, la mise en place de filières pollueur-payeur est ici visée par l’association patronale. Cette mesure exige des professionnels le financement de la gestion des déchets liés à leurs produits (mégots, BTP, jouets, produits sports et loisirs, bricolage, jardinage, lingettes…).

Les lobbies plastiques à la recherche d’un nouvel élan

Avec l’épidémie du coronavirus, le plastique, pourtant de plus en plus décrié par la population, revient sur le devant de la scène, sous couvert de ses prétendues vertus hygiéniques et sanitaires. Le plastique à usage unique limiterait la propagation du virus ! C’est l’argument utilisé d’abord par les lobbies aux Etats-Unis.

En Europe, l’industrie européenne de la transformation des plastiques vante elle aussi la production du plastique jetable. Certains objets sont en effet indispensables pour les hôpitaux (gants, vêtements de protection etc.) et paraissent difficiles à remplacer, surtout en période de pandémie mondiale. Cet argument en cache d’autres visant à retarder les récentes lois interdisant l’utilisation d’objets plastique à usage unique (pailles, gobelets, touillettes etc.). 

La crise sanitaire pousse aussi des industriels à faire le choix d’emballer dans du plastique leurs produits, y compris des produits alimentaires. Fausse bonne idée puisqu’à ce jour, les premières études scientifiques montrent que la durée de vie du virus sur le plastique serait plus importante que sur du carton – 2 à 3 jours contre 24h (source : New England Journal of Medecine – revue américaine). Avoir recours au plastique, qui doit être désinfecté et nettoyé, ne protège donc pas plus qu’un autre matériau, le plus simple étant de supprimer l’emballage et de nettoyer directement le produit.

Auditionnée en visioconférence le 29 avril dernier par le Sénat, la secrétaire d’État à la Transition écologique Brune Poirson a déclaré : « Rien de ce qui a été prévu et voté dans la loi ne sera changé ».

Pour finir sur une note positive, rappelons que la crise sanitaire a eu des conséquences inattendues sur l’environnement : diminution des émissions de gaz à effet de serre, amélioration de la qualité de l’air, retour des animaux en ville, consommation de produits locaux, dons de denrées alimentaires et de produits de seconde main, réparation plutôt que ré-achat, développement des pistes cyclables…

Des effets à court terme qui, nous l’espérons, perdureront.