En ce mois de mars, Réseau Vrac, association de professionnel·les de la vente en vrac qui agit depuis 2016 pour démocratiser l’ensemble du secteur, vient de lancer son « Mois du Vrac » : 31 jours pour informer et sensibiliser les Français·es sur les pratiques de la vente en vrac et soutenir la filière dans toute la France au travers d’une campagne de communication de grande ampleur. Tour d’horizon de cette démarche zéro déchet par excellence et de la raison d’être de ce mois spécial.

Le vrac, c’est quoi ?

On le trouve dans les magasins spécialisés, les magasins bio mais également de plus en plus dans les grandes et moyennes surfaces qui, si elles ciblent une clientèle toujours plus consciente des enjeux de ses modes de consommation, ont aussi et surtout dû commencer à mettre en place les mesures que leur impose la loi Climat ratifiée en juillet dernier (1). Jusqu’à 1 000 références de produits du quotidien sont aujourd’hui proposées, ce qui permet de faire l’intégralité de ses courses en vrac.

Issu du néerlandais wrac, utilisé dans le domaine des transports, le terme est aujourd’hui associé à « la vente en vrac, qui se définit comme la vente aux consommateur·ices de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le·la consommateur·ice, dans des contenants réemployables ou réutilisables » (2) (Code de la consommation, Art. L120-1). Grâce à cette définition de février 2020, les produits vendus en vrac sont désormais distincts aux yeux de la loi des produits écologiques et biologiques. De plus, elle met en avant les deux principes fondateurs de la démarche : éviter le gaspillage (alimentaire ou cosmétique, notamment), puisque l’acheteur·euse ne prend que ce dont il a besoin, et réduire le nombre d’emballages en présentant les produits dans des bacs ou des bocaux dans lesquels l’acheteur·euse se sert pour remplir ses propres contenants.

A l’appui de cette démarche, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 7 kg de nourriture encore préemballée jetée par an et par Français·e, 50 kg d’emballages ménagers produits par an et par Français·e, 1,2 million de déchets ménagers d’emballages plastiques créés chaque année en France (3), sans parler du 7e continent de déchets plastiques ou encore de la réalité des 22 % à peine de déchets plastiques recyclés de manière effective. Or, on estime que la vente en vrac permettrait de produire jusqu’à 95 % d’emballages en moins. De plus, elle réduirait l’émission de CO2 de 48 % ainsi que drastiquement la dépense en eau (4).

La filière vrac face à la crise

Alors que, selon Réseau Vrac, « 62 % des Français·es souhaitent plus de produits en vrac (74 % épicerie, 58 % entretien, 43 % hygiène-beauté, 30 % aliments animaux) » et après avoir longtemps eu le vent en poupe, le secteur fait face depuis quelques mois à un fort désamour de la part des consommateur·ices. En effet, même si le vrac permet de consommer de manière plus responsable en éliminant les emballages et en limitant le gaspillage, la crise sanitaire mais également le manque de temps imposé par nos rythmes effrénés sont passés par là et avec eux une modification des modes de consommation. Sans compter qu’on oppose encore à la vente en vrac de nombreuses idées reçues. Enfin, l’explosion de la vente en ligne fait désormais fortement concurrence à la vente en vrac qui repose, elle, sur le circuit local et un service direct aux consommateur·ices.

Résultat : depuis mai 2021, la fréquentation des commerces spécialisés dans le vrac (à l’image de l’ensemble des commerces de proximité, d’ailleurs) a baissé de 30 %. Or, ces boutiques sont souvent installées depuis moins de 2 ans et ne disposent généralement que de peu de trésorerie. Ainsi, une étude menée en décembre 2021 sur 400 commerçant·es et fournisseur·euses révèle que 40 % des commerçant·es pensent fermer dans les 6 mois à venir et que 21 % des fournisseur·euses envisagent une cessation de paiement dans les 12 prochains mois !

Si elle veut séduire à nouveau, la filière va donc devoir travailler à plusieurs niveaux, à commencer par rassurer les consommateur·ices quant à la fiabilité des produits vendus, garantir l’accessibilité au plus grand nombre avec ses plus de 10 000 points de vente partout en France, mettre l’accent sur son aspect pratique et, enfin, rappeler aux consciences l’impact environnemental et social positifs qui sont à l’origine de toute la démarche.

Le mois du vrac : un mois pour « raviver la flamme du vrac »

Dans ce contexte difficile et en réponse aux besoins urgents des structures qui le composent, Réseau Vrac a imaginé tout un programme pour « raviver la flamme du vrac ».

Tout d’abord, le 1er mars a été lancé le nouveau site « consommervrac.fr« . Cette plateforme digitale a pour but d’informer le grand public tout au long de l’année sur la vente en vrac. Vous y trouverez de bonnes raisons de consommer vrac, des vidéos ainsi qu’une carte de référencement des points de vente spécialisés proches de chez vous.

En parallèle de ce lancement, une campagne de publicité multi-canaux a également démarré afin de (re)mobiliser les consommateur·ices et de les inviter à pousser de nouveau la porte des commerces de vrac. Avec sa campagne, drôle et pleine de fraîcheur, Réseau Vrac souhaite marquer les esprits afin de rappeler que le vrac est là, à la portée de tou·tes, et que l’adopter, c’est agir pour la planète mais aussi pour son porte-monnaie – « consommer mieux, consommer vrac ».

Puis, enfin (et surtout), le Mois du Vrac a été officiellement lancé, parrainé par Jérémie Pichon (« La famille zéro déchet ») et sous le haut patronage du Ministère de la Transition Ecologique. L’idée principale est ici de soutenir l’ensemble de la filière vrac (commerçant·es, magasins bios, fabricant·es de produits) et d’informer le grand public afin de remettre en phase acteur·ices et consommateur·ices pour que ces derniers puissent se réapproprier ce mode de consommation. Il fallait donc bien leur dédier un mois ! A cette occasion, Réseau Vrac a concocté un superbe programme que vous pouvez d’ores et déjà découvrir en les suivant sur Instagram ou sur leur site consommervrac.fr. Lors de ces rendez-vous, proposés chaque jour du 1er au 31 mars, vous pourrez répondre à des quiz, en apprendre plus sur le vrac, découvrir de nouveaux produits ou encore participer à des temps forts. De plus, quiconque en a envie peut mettre en place un atelier ou un stand en accord avec une boutique adhérente ou un·e partenaire local·e par exemple afin de « ramener du vrac dans nos habitudes ». Les manifestations seront reportées dans la liste prévue à cet effet (consultable ici) et régulièrement mise à jour grâce au formulaire de demande de référencement que vous trouverez dans ce fichier. Nous vous laissons y découvrir les évènements organisés sur la région et si vous aussi vous pensez qu’il n’y en a pas encore assez, n’attendez plus pour participer !

Ainsi, que vous soyez simples curieux·euse, que vous souhaitiez en apprendre plus sur la vente en vrac ou que vous soyez déjà partisan·es et désireux·euses de soutenir l’ensemble des acteurs du vrac, venez suivre et soutenir la filière lors de ce mois évènement : abonnez-vous au compte Instagram de Réseau Vrac ; reportez vos événements locaux pour qu’ils soient relayés ; likez, commentez, partagez du contenu et repartagez ceux de Réseau Vrac sur Instagram en taguant @reseau_vrac et #MoisduVrac. Alors, emballé·es ?

Temps forts à ne pas manquer :

  • Grande Course du Grand Paris Express, du 11 au 13 mars sur le parvis du Stade de France (93)
  • Conférence de Jérémie Pichon gratuite et ouverte à tous, le 30 mars, de 19h à 21h, à l’Académie du Climat (Paris 4e)
  • Initiatives libres organisées partout en France par des professionnel·les du vrac et des partenaires de l’association

(1) Parmi les mesures adoptées, 20 % de la surface de vente de produits de grande consommation des commerces de plus de 400 m2 devront être consacrés à la vente en vrac à partir de 2030
(2) « réemployable » = en vue de réemploi à l’identique ; « réutilisable » = potentiellement pour un autre produit que le produit contenu initialement
(3), (4) WWF, « Le plastique ça n’emballe plus », 2020

Réseau Vrac développe et structure la filière de la vente en vrac afin de permettre la réduction du gaspillage alimentaire et des déchets d’emballages jetables. Réseau Vrac fédère, conseille, outille et soutient les actuel·les et futur·es professionnel·les du secteur – commerçant·es, producteur·ices et fournisseur·euses – afin de permettre à ce mode de distribution de se développer dans les meilleures conditions et de se pérenniser. L’association compte plus de 1 900 adhérent·es en France et dans le monde.