Simplifier la démarche zéro déchet pour la rendre accessible au plus grand nombre
À première vue, le décor dans lequel s’est installé le magasin – une zone périurbaine commerciale – ne paye pas de mine. Mais c’est justement sa localisation qui fait la force du Drive. Positionné sur des axes stratégiques domicile-travail ou des zones d’activités très fréquentées, il favorise l’accès au zéro déchet à une clientèle éloignée des centres et limite les déplacements superflus.
Le cadre contraste avec l’ambiance conviviale régnant à l’intérieur. Dans l’arrière-boutique, les étals regorgent d’articles : des cosmétiques, aux fruits et légumes, en passant par les produits ménagers, le Drive compte près de 1700 références produits. L’objectif est que les gens puissent accéder à tous les produits du quotidien sans avoir à compléter ailleurs. Par exemple, les céréales type miel pops, très populaires auprès des enfants : ces céréales sont sélectionnées avec soin, puis conditionnées dans des bocaux. Un gain de temps pour les familles qui ne peuvent se permettre de faire leurs courses dans deux endroits différents. L’arrivée prochaine de la viande et du poisson dans les rayons va également dans ce sens.
Un engagement environnemental fort : 0 emballage jetable, 0 déchet
« Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas ». Alors qu’un·e Français·e produit en moyenne 590 kilos de déchets par an* dont la moitié provient des emballages, le Drive fait fi du plastique. Dans ses rayons, on ne trouve que des produits « nus », sans emballages jetables et conditionnés dans des contenants réutilisables : bocaux, sacs en tissu ou bidons plastique pour les produits ménagers.
Et cela à toutes les étapes de la chaîne, du fournisseur au consommateur·rice. Côté consommateur·rice, le drive a mis en place un système de « consigne inversé » : le·la client·e se voit récompensé·e d’un bon d’achat de 10 centimes lorsqu’il·elle ramène un contenant. Pari payant, avec un taux de retour estimé à 80 %. Côté fournisseur, le changement a pris un peu plus de temps. Mais, en constatant le succès du zéro déchet auprès des client·es, leurs pratiques commencent à évoluer. Aujourd’hui, la plupart livre leurs produits dans des contenants réutilisables.
Quand responsabilité rime avec qualité
Si vous êtes adeptes de tomates chauffées sous serre toute l’année, passez votre chemin. En effet, en plus de l’impact sur notre planète, le couple a, à cœur, de proposer des produits de qualité à la fois gustativement et pour la santé. Pour cela, Pierre, fort de son parcours d’ingénieur agricole, a défini une charte très précise. L’absence de pesticides, de perturbateurs endocriniens pour les cosmétiques…, sont autant de critères à respecter pour pouvoir être distribué dans le Drive. Des conditions qui ne sont pas sans conséquences sur les prix, à la hauteur de la qualité requise.
Par ailleurs, la certification bio n’est pas une obligation, seule la qualité compte. Un choix qui permet aux agriculteur·rices en conversion ou bien, à ceux·celles qui ne souhaitent pas se faire labelliser pour diverses raisons notamment économiques, d’obtenir une reconnaissance de leur travail, au même titre que les agriculteur·rices certifié·es bio.
Pierre et Salomé, des âmes d’entrepreneur·es au service d’une consommation responsable
À l’origine du concept, Pierre, ancien ingénieur agricole, s’est toujours intéressé à la région, aux producteur·rices et à la façon de produire avec qualité. Très système D, il a appris avec ses grands-parents – ouvrier·ères agricoles immigré·es espagnol·es – à tout réutiliser et à ne rien jeter. Pour sa compagne, Salomé, c’est une tout autre voix qui l’a menée au zéro déchet, celle de la santé. Elle s’est longtemps demandé comment sa manière de consommer pouvait avoir une incidence sur son état de santé.
Fort de ces préoccupations, l’idée a germé dans la tête de ces deux entrepreneur·es né·es, de les allier au sein d’un seul et même modèle : un drive dans lequel on peut faire ses courses avec des produits de qualité, sans emballage et en majorité du local. Alors, lorsqu’ils.elles entendent parler d’une soirée organisée par « Ticket for change » – organisme aidant à la création d’entreprises avec de l’impact – il n’aura pas fallu longtemps au couple pour se lancer. C’est ainsi que naît, en 2018, le premier Drive tout nu.
Très vite, l’enseigne connaît un essor fulgurant : de nouveaux locaux ouvrent dans la région toulousaine et une franchise s’est créée à Lille. Aujourd’hui, le Drive tout nu n’a pas fini de faire parler de lui. Le concept séduit les consommateurs et ses deux fondateur·rices souhaitent profiter de son essor pour l’exporter dans tout l’Hexagone : après la conquête de la ville rose, pourquoi ne pas ouvrir d’autres franchises en France ?
*chiffre issu de l’ADEME