Une des solutions fréquemment évoquée pour limiter l’impact de sa consommation sur l’environnement est d’acheter des objets d’occasion. Il est indéniable que nos maisons et appartements regorgent d’objets non utilisés qui pourraient trouver une seconde vie dans de nouvelles mains. Très souvent, acheter un objet d’occasion est donc une EXCELLENTE solution… mais, peut-être pas toujours la meilleure, pour plusieurs raisons.
Acheter d’occasion est un changement de mode de consommation, mais n’encourage pas, ou peu, un changement de mode de production.
Or, à long terme, changer les modes de production de tous les objets qui nous entourent, en utilisant des matières renouvelables plutôt que des matières issues du pétrole par exemple, ou en relocalisant la fabrication pour éviter un transport sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, est indispensable. Acheter un objet neuf, produit de façon réellement durable, est une manière d’encourager ce changement et de permettre à des entreprises durables de se développer au détriment d’entreprises dont le seul objectif est financier.
Acheter d’occasion ne veut pas dire moins consommer.
Il est en effet tout à fait possible de surconsommer… d’occasion. Si cela a évidemment moins d’impact qu’une surconsommation de neuf, consommer plus de ressources que ce que la planète est capable de nous fournir est bien le cœur du problème. De plus, afin d’alimenter un marché d’occasion, il faut bien sûr… acheter du neuf. Et quelle meilleure excuse pour acheter du neuf que de se dire que l’on pourra facilement revendre sur le marché de l’occasion ?
Acheter d’occasion ne veut pas dire acheter des objets durables.
L’analyse de cycle de vie d’un objet (de sa production à sa fin de vie en passant par son utilisation) est extrêmement compliquée et comprend de très nombreux facteurs qui peuvent drastiquement affecter ses résultats. Si l’on part du principe que la production, l’utilisation et la fin de vie de n’importe quel objet, qu’il soit fabriqué avec des matières premières renouvelables ou non ou qu’il soit produit à 10 000km ou à 10km du consommateur final, vont toujours avoir un impact sur l’environnement, l’enjeu principal est d’augmenter au maximum la durée de vie d’un objet, notamment grâce à une fabrication de qualité et en le rendant réparable. Inonder le marché de l’occasion d’objets dont la durée de vie est très courte semble donc assez peu intéressant sur le plan environnemental. De plus, les matières premières de certains objets peuvent avoir une utilité intrinsèque supérieure à celle de l’objet lui-même. Par exemple, le coton contenu dans un T-shirt issu de la Fast Fashion pourrait être recyclé en isolant, comme le fait notamment Le Relais, favorisant donc la rénovation thermique de logements et évitant la production d’isolant à partir de matières premières vierges.
Pour résumer, acheter d’occasion est bien évidemment une solution de bon sens pour limiter son impact sur l’environnement. Donner une seconde vie à tous ces objets, qui ont déjà été créés et ne nécessitent donc pas l’utilisation de nouvelles ressources (limitées, rappelons-le !), est donc un acte qu’il faut encourager. Mais afin de favoriser le long terme et laisser derrière nous la vision court-termiste de notre société de consommation, il est tout aussi indispensable de changer de modes de production pour des modes plus durables, de réduire drastiquement notre consommation et de consommer des objets conçus pour durer.
Pour terminer, et afin que chacun.e se fasse son propre avis, voici un exemple : d’après-vous, est-il préférable, à long terme, d’acheter 3 jouets d’occasion, en plastique (donc conçus à partir d’une ressource non renouvelable, le pétrole), de qualité médiocre et fabriqués à 10 000km du lieu d’utilisation, mais ne nécessitant pas de nouvelles ressources, ou bien d’acheter un seul jouet neuf, en bois, fait pour durer et fabriqué localement, mais nécessitant l’utilisation de nouvelles ressources ? Le débat est ouvert !