À Campillo, on retrouve l’idée de tiers-lieu, l’hybridation de plusieurs espaces. Un petit café d’une vingtaine de mètres carrés meublé d’un bar créé de toutes pièces à l’aide de palettes recyclées. Sur les tables chinées sont servies de jolies tasses en porcelaine blanche et dorée. Sur les murs blancs est exposée une série de cyanotypes(1) représentant des fruits et des légumes – une oeuvre de la plasticienne Charlotte Georgin qui a inauguré les murs de Campillo.
À cela s’ajoute une petite épicerie de produits locaux. Ses étals de fruits et légumes rappellent les couleurs de l’automne, des conserves ouvrent l’appétit et une vitrine garnie de fromages de la région trône au centre de la pièce.
Mélissa et Guillaume, la trentaine, nous accueillent autour d’un café chaud. Ce sont les fondateurs de Campillo.
Une histoire de rencontres et un voyage semeur d’idées
Campillo veut dire « le petit champ » en espagnol. Ce symbole rend hommage au père et aux grands-parents de Guillaume, anciens petits agriculteurs du centre de l’Espagne. Campillo est le nom de leur village natal, plus précisément « Campillo de Deleitosa », dans la province d’Extrémadura, connu pour son aqueduc romain et ses oliviers. Ce n’est donc pas pour rien que l’enseigne de ce commerce dépeint un point levé brandissant une botte de radis. Le retour à la terre, la valorisation de l’artisanat et de l’agriculture locale, mais aussi les valeurs écologistes et sociales semblent avoir animé ces deux jeunes entrepreneurs.
Comme à la maison !
C’est l’impression que nous avons eût en restant une partie de l’après-midi en leur compagnie. Dans ce lieu polymorphe, une programmation culturelle est à venir. Déjà, le café met à disposition ses murs pour des expositions. Des ateliers artistiques, d’écriture créative et de langues sont programmés, une chorale vient même s’exercer de temps en temps. Mélissa nous confie avoir de nombreuses idées quant à l’offre culturelle du lieu, toujours dans l’optique d’y associer les initiatives artistiques locales. Malgré sa modeste superficie, le café se prête aisément à de nombreuses pratiques créatives : « il suffit juste de pousser les chaises et les tables et le tour est joué » s’exclame Mélissa.
Des propositions culturelles qui varieront au gré des découvertes artistiques mais aussi de la demande des futurs clients du café, l’intérêt étant de provoquer des rencontres entre publics et artistes. La bibliothèque et la ludothèque en accès libre ne font que confirmer ce désir de mettre à l’aise et de donner aux clients tout le loisir de passer de bons moments.
Promouvoir l’artisanat et l’agriculture locale
Campillo propose une gamme de produits alimentaires variée mais surtout locale et pour une grande partie biologique. Avant de sélectionner ces produits, Guillaume et Mélissa sont allés à la rencontre des producteurs et artisans, tous situés à moins de 70 km de Toulouse, une localité qu’ils souhaitent mettre en valeur et promouvoir auprès de leur clientèle.
Nous retrouvons ici les denrées nécessaires à la vie quotidiennement. Des étals de fruits et légumes aux produits laitiers en passant par un choix de bières, de jus et de sirops, l’épicerie de Guillaume et Mélissa donne envie de bien manger.
« L’ambition de Campillo est de permettre aux producteurs et artisans de vivre dignement de leur travail, c’est pour cela que nous travaillons directement avec eux sans intermédiaires ! » Guillaume.
Les plus curieux auront même la chance d’en apprendre plus sur les techniques de production et de fabrication des produits. Les deux fondateurs cherchent à transmettre les savoirs et savoir-faire de leurs fournisseurs. D’ailleurs, ils ne tarissent pas d’éloges à leur sujet. Cette valorisation passe aussi par la transparence économique du commerce pour garantir le prix le plus juste aux producteurs.
Tendre vers une démarche zéro déchet
Mélissa et Guillaume ont également à cœur de lutter contre le gaspillage alimentaire et cherchent à promouvoir la démarche zéro déchet de la part de leurs clients. Les contenants et sacs en tissus sont donc les bienvenus. Mélissa nous explique que, la plupart du temps, les clients sont très réceptifs à cette idée. « Les pots en verre des yaourts sont consignés par le producteur. On se rend compte que les clients jouent le jeu, une fois que l’information est transmise. Nous ne proposons pas de consigne payante, l’idée c’est de faire confiance à la bonne volonté des clients, chose qui est beaucoup plus pédagogique que de les contraindre à payer une consigne » nous confie Mélissa.
Cette valeur du zéro déchet s’applique aussi à leur propre fonctionnement puisque Guillaume et Mélissa s’efforcent d’ajuster leurs stocks de produits frais au strict nécessaire : « S’il reste des produits un peu abîmés, nous les proposons en promotion. En dernier recours, nous les donnons à une association d’aide aux sans-abris pour ne pas avoir à les jeter ».
Réinventer le rapport à la consommation
C’est ce qu’aspirent Mélissa et Guillaume en nous confiant vouloir donner vie à leur commerce en adoptant une posture qui va bien au-delà de la simple vente de produits.
Plus d’informations :
Mélissa & Guillaume, fondateurs de Campillo
Réalisation & Rédaction : Morgane Bouterre
Photos : © Food & Com – Mathilde Bouterre
Illustration : Marion Floch
Musique : Crédits © Bossa d’Ahmed Malek Album : Habibi Funk
Notes :
(1) Cyanotype : Procédé photographique monochrome négatif ancien, par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse, bleu cyan.