En novembre dernier, Kélina et Solène, nos super volontaires en service civique, ont organisé deux ateliers de couture afin d’apprendre à tous·tes comment réparer soi-même ses vêtements. En collaboration avec l’association MITSA Couture et de l’Espace Couture, l’initiative a permis de revenir sur les bases de la couture, pour permettre plus d’autonomie dans notre consommation de textiles et moins de dépendance à l’une des industries les plus polluantes de notre époque. Cette action s’est déroulée dans le cadre la Semaine Européenne de Réduction des Déchets 2022, et nous souhaitions revenir sur le sujet aujourd’hui.

Qui dit nouvelle année dit nouvelle résolution et la nôtre, c’est de reprendre le pouvoir sur notre garde-robe ! C’est pourquoi, pour bien commencer l’année, nous vous avons concocté la suite d’un sujet déjà abordé par Zero Waste Toulouse il y a un an : la Fast-fashion (Cf. Article : Ma Fashion).

Après une piqûre de rappel sur l’impact environnemental et social de l’industrie du textile, nous souhaitons apporter ici des solutions pour lutter contre la fast-fashion et ses impacts : voici nos conseils zéro déchet zéro gaspillage et nos techniques de réparation à la main apprises lors des ateliers couture.

INDUSTRIE TEXTILE : QUAND L’HABIT FAIT LE MAL

Afin de prendre conscience des enjeux, il est nécessaire de s’informer et d’identifier les nombreux problèmes posés par l’industrie textile.

La production mondiale de vêtements a doublé en 15 ans, grâce à l’essor de la fast fashion et même de l’ultra fast fashion, qui accélère encore la consommation. En effet, aujourd’hui ce sont 624 000 tonnes de TLC (1) (Textiles d’habillement, linges de maison et chaussures) qui sont mis sur le marché chaque année. Cela représente 10 kg de textile par an par habitant·e.

L’impact environnemental de cette production est considérable. Elle est par exemple, très gourmande en eau : l’équivalent de 70 douches pour fabriquer un tee-shirt et 285 douches pour produire un jean (2).

Par ailleurs, les matières produites évoluent également. On observe une augmentation de l’usage du polyester, matière synthétique dérivée du pétrole, qui représente désormais 60 % des fibres utilisées sur le marché.

Son usage devrait doubler d’ici 2030. Pourtant cette matière est responsable d’une forte pollution. Elle relâche par exemple des microfibres de plastique lors des cycles de lavage en machine, si bien que 35 % des microplastiques dans les océans sont d’origine textile (3).

Côté éthique, l’industrie textile ne s’améliore pas lorsqu’il s’agit de prendre en compte les besoins humains les plus fondamentaux de sa main-d’œuvre :
Usines délocalisées en Asie, non-respect des droits du travail fondamentaux, enfants exploités, inégalités très marquées dans la chaîne de production, surexploitation des femmes, etc. En acceptant de consommer du textile dans les grandes chaînes de distribution ou chez les enseignes de fast fashion, nous encourageons directement de nombreuses dérives aux impacts sociaux graves.

Dans son article L’impact de la mode : drame social, sanitaire et environnemental, L’ONG OXFAM revient par exemple sur le drame du Rana Plaza : “ Le 24 avril 2013, dans la banlieue de Dacca au Bangladesh, le Rana Plazza s’est effondré. Cette usine textile de huit étages produisait des vêtements pour de grands distributeurs européens de mode rapide dite « fast-fashion ». Le bilan humain s’est avéré catastrophique : 1 138 ouvrier·e·s ont perdu la vie et 2 500 ont été blessé·e·s.”

Interro surprise ! Selon toi, en moyenne, quelle est la somme du prix des vêtements que tu ne portes jamais dans ton armoire ?

Réponse : On estime que chaque logement renferme l’équivalent de 114 euros de vêtements qui ne sont jamais portés. (4) De plus, 64 % des vêtements qui sont jetés à la poubelle sont en bon état !

SE VÊTIR SANS METTRE LA PLANÈTE À NUE :

Heureusement, il est possible d’agir pour sortir de cette logique et reprendre le pouvoir sur notre garde-robe !

La première chose à faire est de réduire sa consommation, en l’interrogeant. Pour cela, il existe la méthode BISOU à employer avant de passer à un nouvel acte d’achat. Il peut également être judicieux de faire une liste d’achats quand ils sont nécessaires. Lorsqu’on se rend en boutique, il est important de prendre le temps d’essayer (même pour de simples tee-shirts !), de se renseigner sur la composition et de reconnaître les bons labels sur les étiquettes.

Ensuite, il est peut-être temps de prendre le virage de la seconde main et de commencer à traîner dans les friperies près de chez soi. Acheter de seconde main est un moyen simple d’éviter de produire de nouveaux vêtements et d’empêcher qu’ils finissent jetés ou incinérés. Un article de seconde main vivra plus longtemps, réduisant alors son coût environnemental et social. Faire les fripes n’est donc pas juste une “mode” : il s’agit surtout d’allonger au maximum la durée de vie des textiles, en les remettant dans le circuit pour maximiser leur usage. Mais attention à ne pas surconsommer ! A Toulouse, nous pouvons vous conseiller : Le grenier d’Anaïs (54 rue Peyrolières), Jet-Rag Vintage (au 3, rue Cujas), Sybarite Vintage (située au 15 Rue Sainte-Ursule), Berht (64 bis rue de la colombette).

Vous pouvez aussi trouver quelques pépites sur les sites de revente en ligne (Leboncoin, Vinted, Geev, Percentil, Once again, Bon chic Bon cœur pour les plus connus, ainsi que Depop, Poshmark ou ThredUP.)

Enfin, l’astuce ultime pour garder ses vêtements plus longtemps, c’est d’apprendre à les entretenir, et de les réparer lorsque c’est nécessaire et possible !

C’est pourquoi dans la suite de cet article, nous souhaitons vous partager les différentes techniques de réparation à la main que les couturières nous ont apprises lors de l’atelier de novembre.

COMMENT CHOUCHOUTER SES VÊTEMENTS ?

Réparer ses vêtements soi-même, ce n’est pas une mince affaire ! Vous pouvez consulter l’annuaire des réparateurs “Retouche vêtement, couture” près de chez vous pour confier vos vêtements à un·e professionnel·le. L’important dans la démarche zéro déchet, c’est surtout d’y aller à son rythme ! Changer nos habitudes de consommation prend du temps, il ne faut pas l’oublier. Alors patience avant d’essayer de se lancer dans la confection d’une jupe upcyclée à partir d’un pantalon de sa grand-mère !

Les astuces et techniques que nous allons vous partager sont un premier pas dans l’apprentissage de la réparation à la main, nous espérons que cela pourra vous guider ! Et n’oubliez pas : indulgence envers soi-même est le maître mot 🙂

Pour le matériel de base en couture, vous aurez besoin de fil et d’aiguilles. Il est possible de trouver cela de seconde main à la Glanerie par exemple.

Faire un nœud

Commençons par couper un fil d’environ la longueur d’un bras puis enfilez-le dans l’aiguille et faites un nœud avec ses deux extrémités.

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Réaliser un point d’arrêt

Comme son nom l’indique, le point d’arrêt en couture sert à arrêter le fil à la fin de la couture. Une fois votre travail terminé, piquez une dernière fois l’aiguille et sortez-là vers le haut. Réalisez un dernier point court au-dessus du dernier point du travail et enroulez trois ou quatre fois le fil autour de la pointe de l’aiguille. Puis, tirez l’aiguille de sorte à resserrer le fil sur le point court. Il suffit ensuite de couper le fil qui dépasse pour finaliser le travail.

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Réaliser un point arrière

Pour réaliser ce point solide, partez comme pour un point droit. Piquez l’aiguille dans le tissu et ressortez un peu plus loin. Mais plutôt que de repiquer plus loin, revenez en arrière pour piquer près du 1er point et repiquez l’aiguille un peu plus loin pour avancer.

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Réparer les mailles d’un pull, d’une chaussette

À l’aide d’un fil de broderie de l’épaisseur de la maille (pull, chaussette épaisse), réalisez une grille qui imite les mailles du vêtement, tout en rapprochant les bords du trou. Le travail se fait sur l’envers du vêtement. Vous pouvez vous servir d’un œuf en bois pour étirer les bords du trou et vous stabiliser pendant la couture. Tuto :

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Coudre un bouton

Vous pouvez doubler le fil pour plus de résistance. Piquez à travers le tissu par dessous, traversez le premier trou du bouton et tirez. Placez une épingle à plat sous le bouton, entre les deux trous, afin d’éviter que le bouton ne soit cousu trop serré. Ensuite, passez l’aiguille à travers le second trou et traversez le tissu. Tirez le fil à fond.
Répéter l’opération entre 5 à 10 fois.
Pour terminer, traversez le tissu par dessous, et enroulez votre fil 4 ou 5 fois autour des passages antérieurs en serrant autant que possible. Ensuite piquez sur l’endroit et faites ressortir l’aiguille au niveau du nœud initial. Terminez par un point d’arrêt sur l’envers. Coupez l’excédent de fil au ras du nœud. Tuto :

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Réparer un trou d’un tissu

Sur l’envers du tissu, fixez les deux bords du tissu ensemble à l’aide d’épingles. Rapprochez ensuite les bords du trou en réalisant un point invisible : C’est une boucle zigzag qui rapproche l’intérieur des bords.

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Réparer un trou dans un jean

Afin de renforcer le tissu et de rapprocher les bords du trou, placez une bande thermocollante avec le fer sur l’envers du trou, ainsi qu’un morceau de jean. Vous pouvez ensuite coudre les contours du morceau de tissu à l’aide d’un point arrière.

Réparer un trou dans une poche

Si cela est possible, placez-vous sur l’envers du tissu. Fixez les deux bords du tissu ensemble à l’aide d’épingles, puis réalisez un point arrière pour recoudre les bords de la poche.

Pour encore plus de douceur dans votre apprentissage, ou si votre vie effrénée vous empêche de pratiquer seul·e, nous vous recommandons vivement de participer à des ateliers animés par des couturier·es comme ceux de Toulouse Espace Couture, de demander de l’aide aux personnes compétentes, ou de suivre des tutos en ligne :

COMMENT DIRE ADIEU À SES VIEUX CHIFFONS

Lorsqu’il s’agit de dire au-revoir à vos anciens textiles, (re)découvrez les bons gestes :

  • Privilégiez les dons à votre entourage ou bien à des associations (Emmaüs, La Croix Rouge), des dépôts vente ou des friperies locales, lorsque les vêtements sont encore en bon état. Ces dons participent à la création d’emplois solidaires et offrent une deuxième vie au vêtement. Si vous le pouvez financièrement, favorisez les dons aux associations plutôt que de revendre sur les sites tels que LeBonCoin ou Vinted !
  • Les bornes d’apport volontaire de textile (Re-Fashion, anciennement Eco-TLC ou “Le Relay”) sont à employer en dernier recours, si le vêtement est vraiment abîmé. Dans tous les cas, ne jetez jamais de textile, même tâché ou troué, à la poubelle… Il est très important de ne plus les envoyer en décharge ou en incinérateur alors qu’il existe de meilleures solutions.

Après collecte des bornes et tri, selon leur qualité, les textiles seront réutilisés à 60% (en friperie pour les vêtements d’occasion en bon état). Cependant cela implique un transport supplémentaire (de chez vous jusqu’à la borne, puis de la borne à l’espace de tri, et enfin jusqu’aux organismes qui pourront les remettre sur le marché.)

Lorsqu’ils sont trop usés, les vêtements peuvent être recyclés : cela concerne 39% des textiles déposés dans les bornes françaises. Coupés, ils servent à la fabrication de chiffons d’essuyage à usage industriel et ménager. Défibrés, effilochés et broyés, ils servent à la production de nouveaux textiles, d’isolation, de rembourrage dans le géotextile, l’automobile et le bâtiment.

Finalement, les textiles récoltés dans les bornes qui se pourront être valorisés représentent moins d’1% du flux. (5)

Conclusion

Finalement, nous l’avons constaté, l’industrie de la mode est l’une des plus polluantes et aliénantes au monde, ce qui devrait nous pousser à mieux réfléchir notre consommation… Cependant les prévisions pour le futur ne semblent pas aller dans le sens d’un ralentissement de cette industrie, il est donc temps d’agir !

Et cela tombe bien : les astuces pour contrer la fast fashion sont nombreuses, simples permettent même de belles économies. Sortir du cycle de la surconsommation de fast fashion permet même d’être plus heureux, suivez le “Guide de résistance à la fast fashion” de Zero Waste France !

Alors pour 2023, chez Zero Waste Toulouse, nous avons choisi d’agir et de diffuser le message autour de nous. Rejoignez-nous en partageant cet article et ses ressources !

Vous pouvez aussi aller écouter le podcast sur la fast-fashion par Félicie Rrrrr – Episode 14 – Zero Waste Toulouse !