Cette diffusion en ligne rendue possible par Break Free From Plastic et The Story of Stuff, a été le point de départ de cette table ronde qui a permis d’échanger avec des acteurs locaux engagés, soulevant les enjeux de cette pollution et offrant des solutions pour lutter contre ce fléau.
Thomas Guilpain, administrateur et bénévole plaidoyer de Zero Waste Toulouse, a animé cette table ronde en revenant sur les problématiques exposées dans le documentaire avec un chiffre clé à retenir : la production de plastique a doublé entre 2000 et 2015 par rapport à la période précédente (1950-2000), soit 15 ans vs 50 ans ! Il est prévu que cette production double encore jusqu’à 2030 !
Les intervenants
Christophe Bousquet, coordinateur de Plastic Attack Toulouse, a expliqué les limites du recyclage. Ce mouvement citoyen associatif initié en 2018 a réalisé depuis sa création, 7 actions avec plusieurs associations et supermarchés afin d’en faire retirer le plastique superflu et d’éveiller les consciences des consommateurs.
Christophe Bousquet a souligné que :
- Seulement 25 % du plastique est recyclé en France ;
- Le plastique n’est recyclable qu’une seule fois ;
- La plupart du plastique est incinérée car cela revient moins cher que le recyclage.
De plus, de nombreux contenants plastique ne sont pas recyclables car ils sont composés d’un mélange de résine, d’une multicouche de plastique et d’additifs. C’est le cas par exemple des barquettes de supermarché. Il faut également veiller aux faux plastiques compostables ou biodégradables. Ils contiennent en réalité un composant proche du plastique classique issu de la pétrochimie.
Le recyclage ne sera donc jamais à la hauteur du problème présent ou futur car il est irréaliste que le plastique soit 100 % recyclé. Pour en revenir au film, Christophe Bousquet explique que la consommation de plastique n’est pas poussée par la demande mais par des besoins logistiques (le plastique, c’est pratique !) et par les sociétés pétrochimiques et leur préoccupations financières.
Au vu de l’impact du plastique sur le climat et la santé (on trouve du plastique dans notre organisme), le plastique à usage unique devrait être interdit. Il faut responsabiliser financièrement tous les acteurs de la pétrochimie pour nettoyer la production actuelle qu’ils ont générée.
Éric Cros, plongeur scientifique, photographe sous-marin et fondateur de Seastemic, a abordé la pollution en mer à travers une expédition franco-mexicaine sur l’île Clipperton – avec le CRIOBE et le CNRS sous la direction d’Eric CLUA – à laquelle il a pu participer, Sentinelle de l’océan sur l’île.
L’île Clipperton est un petit atoll français de 12 km2 au large du Mexique, à 1200km des terres habitées et dépourvu de toute présence humaine. Pourtant, le plastique y est omniprésent. Apporté par les courants marins et lors de tempêtes, il s’accumule au fur et à mesure sur ce bout de terre.
L’atoll abrite la première colonie au monde de fous masqués et bruns, soit plus de 100 000 individus. « La plupart des oiseaux fait leur nid avec des morceaux de brosses à dents et de tongs ! » souligne Éric Cros.
Malheureusement, l’accès à l’île étant complexe, la dépollution du lieu est difficile. Il est même impossible de quantifier scientifiquement le plastique et les déchets présents à cause de leur abondance.
Éric Cros a rappelé qu’en 2050, il y aurait en poids plus de plastique que de poissons dans l’océan, sachant que le plastique de surface ne représente seulement qu’1% des plastiques dans l’océan.
Une campagne a d’ailleurs été lancée par Toulouse Métropole pour sensibiliser sur cette pollution des eaux : jeter dans la rue, c’est jeter dans la Garonne, et donc dans l’océan !
Premier projet de l’association, En boîte le plat a été lancé en avril 2019 suite aux constats suivants :
- La pause du midi génère de nombreux déchets évitables ;
- Les emballages de restauration rapide ont une utilisation très courte et représentent 3 tonnes de déchets chaque jour ;
- La consigne est une solution simple, accessible et peut être mise en place au niveau local.
Pour stopper les contenants à usage unique de la restauration rapide et vente à emporter – tous composés totalement ou partiellement de plastique – et changer les habitudes collectives de consommation, En boîte le plat introduit la consigne de boîtes en verre. A ce jour, le projet compte 25 commerces toulousains partenaires !
Cette initiative permet aussi de créer du lien social entre les acteurs locaux et de relocaliser l’économie. C’est en unissant plusieurs acteurs que les projets visant à contrer le plastique aboutissent et que la prise de conscience peut s’élargir.
Mise en place à Toulouse il y a un an, En boîte le plat a déjà parcouru du chemin. Un premier essaimage a lieu dans la ville de Rennes où des bénévoles vont créer leur association prochainement !
- Mon Commerçant Zéro Déchet : marathon chez les commerçants pour sensibiliser aux contenants réutilisables, autocollants pour identifier les commerces participant au dispositif… ;
- La rédaction du Manifeste pour une métropole Zéro déchet.
A la fin de cette table ronde, s’en est suivi un échange de questions-réponses d’une trentaine de minutes. A visionner en ligne comme l’intégralité de cette table-ronde !